Journée d’étude « Race, racisme et colonialité: France, Belgique, Suisse, Québec » 16 avril 2020, Université Mount Royal, Calgary, Canada

2019-11-01

 

La question de la race s’avère plus impérieuse que jamais dans l’espace francophone. Les pays économiquement dominants de cet espace, la France en tête, se sont illustrés avec éclat mais surtout avec fracas dans les médias au cours des trois dernières années.

A la sortie en 2017 du film d’Amandine Gay Ouvrir la voix, qui donne l’occasion aux femmes noires issues de la colonisation d’évoquer leur quotidien et les discriminations subies de par leur intersectionnalité, semble ironiquement répondre le retrait du mot “race” dans la constitution française en 2018. La disparition souhaitée de ce terme mise en branle sous le quinquennat de François Hollande n’effaça cependant en rien le racisme et les pratiques racialistes du quotidien ni ne corrigea l’ignorance conceptuelle à l’oeuvre dans les débats publics sur cette question. Les accusations de racialisme à l’encontre de la mise en scène des Suppliantes à la Sorbonne en mars 2019, les accusations de “racisme anti-blanc” dont a fait l’objet le footballeur Lilian Thuram en septembre 2019, les photographies du Premier ministre canadien Justin Trudeau grimé en “Blackface” sorties en pleine campagne électorale, “le Sauvage” de la Ducasse d’Ath en Belgique (carnaval classé à l’Unesco depuis 2008), les accusations de profilage racial en Suisse portées par le guide touristique Lonely Planet dans son édition 2017, les huées racistes régulièrement proférées par les supporteurs de football dans les stades européens ou à l’encontre des joueurs de l’équipe de baseball du Québec lors d’un match au Nouveau-Brunswick en août 2019, pour ne citer que ceux-ci, montrent que la question est au centre de nos sociétés et des plus actuelles. Il ne faudrait cependant pas croire que l’éclat et le fracas ne concernent que des événements contemporains. L’historiographie s’est vue elle-aussi l’objet d’éclat, comme avec le récit par Afua Cooper de l'exécution de l’esclave noire Marie Joseph Angélique, jugée responsable de l’incendie de Montréal de 1732 (The Hanging of Angélique, 2006) mais aussi de fracas comme lors des polémiques suscitées par l’ouvrage de Louis Sala-Molins en 1989, Le Code Noir, ou le calvaire de Canaan, ou lors de l’affaire Pétré-Grenouilleau en 2005.

Ces débats houleux et ces récritures salutaires d’événements fondateurs au prisme d’une perspective décentrée du cadre traditionnel épistémologique occidental et blanc montrent à quel point les notions de race et de racisme sont ancrées dans ce que les penseurs sud-américains (Quijano, Mignolo, Grosfoguel, etc.) nomment la colonialité, où la race et le racisme sont perçus comme les principes organisateurs de la classification sociale et universelle de la population mondiale. Pour ces penseurs, la colonialité englobe à la fois la période dite coloniale ainsi que celle dite postcoloniale. On voit mieux ainsi comment le domaine de la traduction se voit concerné par cette question au point que traduction et colonisation ont fait depuis les années 1990 l’objet de nombreux travaux. Et on peut aussi interroger sous ce prisme les “événements” que constituent l’entrée d’écrivaines et écrivains francophones dans les cénacles culturels que sont le Collège de France et l’Académie française ou bien encore de la place allouée aux auteurs francophones installés au Québec comme Dany Laferrière et qui se voient rangés sous l’étiquette d’auteurs “néo-québécois” au sein d’une littérature nationale définie comme telle lors de la Révolution tranquille.

Cette journée d’étude souhaite interroger ces problématiques dans leurs manifestations artistiques, littéraires et sociales dans une période allant de la mise en place de la colonialité à nos jours.

 

 

Les propositions comporteront un titre ainsi que cinq mots-clés et ne devront pas dépasser 200 mots. Elles doivent être envoyées à Antoine Eche (aeche@mtroyal.ca) et Justine Huet (jhuet@mtroyal.ca). Leurs auteurs enverront également une brève notice bio-bibliographique.

Les frais de transport et d’hébergement sont à la charge des intervenants.

 

Les actes de cette journée d’études seront publiés dans Convergences francophones (http://mrujs.mtroyal.ca/index.php/cf/index), revue semestrielle, pluridisciplinaire et en libre accès.

 

 

Date limite de soumission des propositions : 13 décembre 2019

Date de notification des propositions retenues : 20 décembre 2019

Responsables :

Antoine Eche aeche@mtroyal.ca

Justine Huet jhuet@mtroyal.ca