Les anecdotes du suttisme- image d’une altérité féminine ambiguë

Auteurs-es

  • Devika Vijayan University of Calgary

DOI :

https://doi.org/10.29173/cf371

Mots-clés :

sati, suttisme, voyage, Ancien Régime

Résumé

Quand on parle de l’image de l’Inde ou de l’Indien dans les récits de voyage vers les Indes orientales, on avance souvent cette hypothèse qu’en dépit des progrès des connaissances, la persistance de l’imaginaire définit à toutes les périodes de l’histoire les relations entre l’Inde et le monde occidental. L’Inde n’a donc jamais été découverte comme l’a été l’Amérique par Christophe Colomb en 1492. C’est un pays qui, comme l’affirme Catherine Weinberger-Thomas, a été construit et reconstruit « par le processus de la mémorisation de certains stéréotypes ». Une de ces pratiques qui ne cessait d’étonner le public européen et que l’on qualifiait d’« horribles spectacles » ou encore de « coutume barbare » est celle de l’immolation des veuves hindoues sur le bûcher de leurs maris. Certains chercheurs, comme Pompa Banerjee, pensent que les voyageurs utilisent les récits anecdotiques sur ce rite comme tremplin pour promouvoir leurs idées sur une altérité religieuse barbare.

Dans cet article nous remettons en cause cette affirmation en examinant le cas spécifique des voyageurs français aux Indes orientales aux XVIIe et XVIIIe siècles. En analysant les récits anecdotiques, nous démontrerons que cette pratique met plutôt en scène un discours sur une altérité féminine fracturée, ce qui est largement symptomatique de l’image ambiguë de la femme occidentale et orientale durant l’Ancien Régime.

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Publié-e

2016-12-23