L’utopie au XVIIIe siècle : côtoiements du politique, dynamiques de l’ailleurs, questionnements et dépassements des modèles utopiques classiques
DOI :
https://doi.org/10.29173/cf375Mots-clés :
18eme, ailleurs, utopieRésumé
Les recherches sur l'utopie à l'âge classique et au XVIIIe siècle doivent éviter toute projection des connotations ultérieures du terme utopie (critique marxiste de l'utopie, exaltation libertaire, assimilation de l'utopie aux totalitarismes du XXe siècle). Ce type de projection a notamment permis de considérer à tort l'œuvre de droit politique de Jean-Jacques Rousseau comme utopique. L'utopie hante certes la pensée de Rousseau mais Jean-Jacques en souligne surtout le caractère précaire et inévitablement éphémère.
Les utopies du XVIIIe siècle sont en fait formellement très diverses même si la prégnance du texte source, l'Utopia de Thomas More et de son schéma narratif reste forte. La caractérisation de l'ailleurs semble en fait le seul dénominateur commun de ces voyages imaginaires, romans, songes, pièces de théâtre et, exceptionnellement, traités théoriques. Les interférences de ces textes avec les discours politiques contemporains sont certes également présentes mais ces textes utopiques tendent surtout à mettre en scène une étrangeté aux politiques connues en abordant des sujets différents et en développant des thématiques résolument autres. C'est une véritable dynamique de l'ailleurs qui se développe ainsi dans l'utopie au fil du XVIIIe siècle tandis qu’intervient une tendance croissante au passage à l'uchronie. De plus en plus disséminées dans les œuvres romanesques les plus diverses, les utopies tendent en outre à présenter leur propre mise en cause, leur procès et leur éclatement à l'initiative de sujets libres qui ne peuvent accepter la totalisation et les contraintes inhérentes à la cité utopique.
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