Monstre et monstrueux dans l’oeuvre de Georges Darien. Représentation et symbolique d’une chair meurtrie

Auteurs-es

  • Aurélien Lorig Université de Lorraine

DOI :

https://doi.org/10.29173/cf479

Mots-clés :

Darien, monstre, monstrueux,

Résumé

Face aux figures de l’hydre institutionnelle (famille, armée, école, Église), le monstre apparaît dans l’œuvre de Georges Darien (1862-1921) comme un moyen de représenter le combat engagé contre une société inégalitaire et injuste. En jouant sur les critères définitoires du mot, le romancier et pamphlétaire invite le lecteur à une démarche de type herméneutique qui consiste à déchiffrer monstres et monstrueux comme les “miroirs” d’une société devenue elle-même celle qui engendre l’effroyable. L’auteur joue à la fois sur la “norme” de modèles identifiables par tous et l’“écart” au travers d’un certain nombre de figures suffisamment suggestives pour permettre l’interprétation de chacun. Entre l’apparent et le caché, Darien construit un entre-deux que la voix narrative invite à dépasser afin de voir apparaître la contestation de l’inhumaine comédie “fin de siècle”. Dans cette entreprise de “sape” des autorités coercitives, l’écrivain choisit d’abord de faire corps avec le monstre pour proposer à ses contemporains un romanesque “étrange”, à bien des égards. Le positionnement en “marge” des modèles littéraires et idéologiques s’accompagne d’un héroïsme où le monstre se revêt, tel un habit emblématique des luttes engagées. Toutefois, à cette singularité, Darien oppose une série de monstres dont la dysmorphie symbolique s’accorde, en partie, avec l’inconscient collectif qu’ils véhiculent (Hydre, Sphinx, Minotaure, Ogre). Néanmoins, la lisibilité apparente de ces références laisse aussi parfois place à l’indicible, moyen d’exprimer les interdits en vigueur. Le monstre (Centaure) et l’expression lexicale du monstrueux acquièrent une dimension davantage sociologique en dépassant la fiction pour questionner le désir et les tabous sexuels. Ces derniers, Darien s’en affranchit partiellement à travers une stylistique “monstrueuse” constamment dans l’inflation d’un imaginaire où le portrait de personnage met à jour une sombre idéologie. La considération anatomique expose une chair meurtrie et dénaturée où le discours dit paradoxalement l’ineffable. Dès lors, le monstre apparaît, dans ses aspects protéiformes, comme l’actualisation de ses traits caractéristiques principaux : monstration ; avertissement ; jeu sur la forme et le difforme ; enfin, translation de l’idée de démesure dans une rhétorique de la surenchère

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Publié-e

2018-05-01