Le verso de la p(l)age de Camus: intertextualité militante dans « Meursault, contre-enquête »

Auteurs-es

  • Zvezdana Ostojic John Hopkins University

DOI :

https://doi.org/10.29173/cf586

Résumé

Cet article s'intéresse à la spécificité de l’affrontement intertextuel qu’entretient « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud avec « L’Étranger » d’Albert Camus. En fournissant « l’autre côté » de l’histoire et en élucidant la partie de celle-ci que L’Étranger a laissée dans l’ombre, la contre- enquête de Daoud décompose et recompose l’œuvre de Camus. Ce faisant, Daoud déstabilise la position du lecteur qui ne parvient jamais à une solution cohérente sinon définitive du crime, contrairement à ce que propose d’ordinaire au lecteur le roman policier à énigme. De plus, depuis sa position doublement marginale (celle d’un auteur francophone algérien qui adopte les codes du roman policier afin de reprendre un chef-d’œuvre), Daoud dénude les aspects métatextuels de la création littéraire en général, et par extension éclaire les mécanismes à l’œuvre chez Camus. Il parvient ainsi à subvertir les hiérarchies et à désacraliser l’œuvre canonique. Nous allons montrer que, dans ce combat intertextuel, l’écriture et le crime ne font qu’un : le corps du texte est comparé au corps-cadavre, le meurtre incite à la création littéraire et les mots « écrivain » et « tueur » deviennent synonymes.

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Publié-e

2021-01-15