Aux origines du tourisme lent : le sensualisme du XVIIIe siècle et les réorientations du regard du voyageur
DOI :
https://doi.org/10.29173/cf620Résumé
La place croissante des descriptions , souvent dénommées "tableaux" dans les récits de voyage du XVIIIe siècle, interroge. Au midi du siècle, cet essor fait pour une part écho à une demande de connaissances objectives que le succès de l'Encyclopédie a indéniablement confortée. Ces connaissances attendues du voyage sont en fait d'ordres très divers : connaissances relevant de l'histoire naturelle (faune, flore, roches etc) mais aussi des moeurs et de l'histoire des pays visités. L'impact des grandes sommes des Lumières (de l'Histoire naturelle de Buffon à l'Encyclopédie et à l'Esprit des lois de Montesquieu) est manifeste. Mais dans une autre gamme de récits de voyage, plus tardive dans le siècle, il faut également prendre en compte les auto-mises en scène d'un narrateur voyageur de plus en plus attaché à noter ses sensations, ses rêveries, ses sentiments et ses remémorations. Le rythme même du récit de voyage se trouve alors fortement affecté et nécessairement ralenti : les étapes du voyage ne tiennent pas tant à des repères géographiques qu'à la succession de paysages mentaux différents. Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau s'avèrent alors particulièrement suggestives et les polygraphes de la fin du XVIIIe siècle (Louis Sébastien Mercier et Rétif de la Bretonne), dans le récit de leurs déambulations parisiennes, développeront particulièrement ce type d'écriture.
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