L’intime au coeur du politique : le cas de Dominique Celis
DOI :
https://doi.org/10.29173/cf955Mots-clés :
Dominique Celis, Rwanda, génocide, Ainsi pleurent nos hommesRésumé
Dans Ainsi pleurent nos hommes (Paris, Philippe Rey, 2022), premier roman de Dominique Celis, née en 1978 au Burundi, d’une mère rwandaise et d’un père belge, on lit les lettres qu’Erika, qui vit à Kigali, écrit à sa sœur, Lawurensiya, restée en Belgique, du 2 janvier au 31 décembre 2018. Cette étude montre d’abord l’amalgame entre l’histoire personnelle de la narratrice (voire de l’autrice) et le destin tragique d’un pays, entre le fictif et le témoignage, l’intime et le politique. L’horreur du génocide touche tous les personnages mais s’inscrit particulièrement douloureusement dans le corps des femmes. Quant à l’amour impossible entre Erika et Vincent, ancien guérillero Inkotanyi, il semble figurer l’impossibilité du vivre-ensemble exigé par les autorités rwandaises pour reconstruire le pays. L’analyse explore les techniques d’écriture permettant à Celis de dire l’horreur, tout en inscrivant l’œuvre dans une démarche décrite comme la « marche du cavalier » (Geneviève Brisac), propre au féminin. Le corps, ce cœur de l’échiquier, semble bien le seul lieu d’où l’autrice et ses personnages féminins peuvent considérer le monde, et d’où leurs attaques seront le plus efficace.
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