Marie Joseph Chénier : de la pratique de la traduction à l'introduction d'oeuvres traduites dans le canon littéraire
DOI :
https://doi.org/10.29173/cf253Mots-clés :
Marie Joseph Chénier, littérature du XIXe et XXe, traductionRésumé
L'œuvre poétique, théâtrale et critique de Marie Joseph Chénier a été, au fil des XIXè et XXè siècles, largement occultée par l'œuvre poétique de son frère André, le poète guillotiné. Sous le Directoire, le Consulat et l''Empire, Marie Joseph Chénier s'est constamment montré le gardien vigilant du legs intellectuel des Lumières et de la Révolution ainsi que de l'esthétique classique mise à mal par des écrivains novateurs (Chateaubriand notamment) que Marie Joseph Chénier ne cesse de brocarder. Contrairement à une idée reçue qui attribue l'intérêt pour les littératures étrangères -et notamment aux littératures germaniques et nordiques- aux précurseurs du romantisme, Marie Joseph Chénier critique a montré un grand intérêt aux traductions et aux traducteurs de son temps. Il a de plus été lui-même traducteur : de textes latins tout d'abord mais aussi de poèmes allemands et anglais contemporains et modernes. A propos des textes anglais, Marie Joseph Chénier s'affirme volontiers continuateur de Voltaire. En outre Marie Joseph Chénier valorise globalement l'activité même de la traduction dont il souligne la part qui est la sienne dans le progrès des sciences, des arts et des lettres. Il suggère de plus que dans des temps marqués par un retour en force de la censure, l'activité de traduction revêt une dimension créatrice et préservatrice de liberté. Le traducteur peut dès lors être présenté comme un médiateur de transferts culturels dont l'importance est vitale pour la société. Marie Joseph Chénier est de plus constamment intervenu pour une reconnaissance officielle du métier de traducteur. Dans son Tableau historique de l'état et des progrès de la littérature française depuis 1789, Marie Joseph Chénier introduit clairement la traduction dans le canon littéraire qu'il élabore. Non sans limites il est vrai : il reste en effet hostile aux traductions susceptibles de mettre en cause les principes classiques de son esthétique.
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